Distingués invités, membres du comité organisateur, participants et participantes.
Quel honneur et quel privilège pour moi, élève de 12e année, de me présenter devant vous aujourd'hui. Lorsque M. Thébeau, notre directeur, m'a demandé de faire une présentation, le sujet n'était pas très précis. Alors, je me suis vite imaginé que je relaterais sûrement mes expériences à titre de Page au sommet de la Francophonie ou peut-être que je vous parlerais simplement de mes petits robots de l'an 2000, inventés en première année. Imaginez ma surprise lorsque Mme Rehorick m'a demandé de parler du bilinguisme. Pour moi le bilinguisme, c'est simplement un mode de vie.
Donc, comment moi, je me perçois comme enfant bilingue? Quelles ont été mes influences? Et, comment tout ce concept me permet de mieux affronter l'avenir? Permettez-moi de faire un retour en arrière afin de vous tracer un vrai portrait de ma situation. Even before taking my first breath, in this world, my bilingual destiny had already been decided. After numerous discussions, my parents, both bilingual, realized that neither one of them wanted to be deprived of the joy of communicating with me, in their own first language. One thing was sure they wanted me to speak both languages ,but not necessarily in the same sentence. So it was decided that I would communicate with Dad in English only and with my mother in French only. Simple right?...
Growing up, little did I know that this unique way of living, was all part of the master plan designed to mold me into a fully bilingual citizen. As a matter of fact, I thought that every parent behaved in the same fashion. For me all dads spoke English while all mothers used French to communicate with their kids. In my small world, I thought English and French were the two existing languages and that I was ready for life.
However, one day, upon my arrival at daycare, I was astonished to hear two little Japanese using a language that was foreign to me. Frustrated that I was unable to understand what they were saying, I confronted my parents with the following. "Which one of you forgot to teach me that language." Quelle déception! Ces deux grandes personnes ne savaient pas tout.
Aujourd'hui, alors que les gens autour de moi constatent un résultat satisfaisant et que sans difficulté je réponds dans la langue adressée; il n'en reste pas moins que mes deux parents ont veillé à ce que le processus soit respecté et fasse de moi un individu complètement bilingue et fiers de ses deux cultures.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le tout ne s'est pas produit sans efforts. Tout au long de ma vie mes parents ont dû être viglilants et ne pas donner raison aux commentaires tels que: ce petit bébé de six mois doit être bien confus d'entendre ces deux langues, ... don't you think that English is spoken in most major countries and that she should learn it well first. She will always be able to pick up French later on, in school.
Therefore, all throughout my life they have worked at offering me experiences allowing both languages and cultures to flourish. For example, since we live in an English environment, it was decided that I would attend a French school. That meant that my father had a lot of work making sure that I would know all my nursery rhymes. So dad and I had great fun learning Jack and Jill went up the hill or, Little Miss Muffet sat on her tuffet. And, we can't forget how Mr. Rogers and Mr. Dressup would teach me how to develop my imagination. Also, because my days were spent communicating in French with my classmates and teachers, it was important that I would be enrolled in English activities after class. Hence, such activities as ballet, piano, swimming, soccer, basketball allowed me to strenghten my English skills and interact with Anglophone children.
Vacations were also planned according to both cultures and languages. A trip to Toronto or Washington DC would also demand that we would have a stop over in Quebec or Montréal. A trip to Europe meant that France and England had to be part of the itenerary.A trip to Ottawa meant that we could take the first tour available without having to wait for a specific language. Lorsque j'avais huit ans, je me souviens encore du désarroi sur la visage de ma mère lors de notre visite guidée ,en anglais, d'Ottawa, alors que je lui murmurais à l'oreille: je ne comprends rien. Surprise, elle m'a dit "mais voyons tu parles et comprends l'anglais, quel est le problème?" Et moi, de lui répondre " ce n'est pas l'anglais le problème, c'est ce qu'il dit." Mes parents avaient oublié un petit détail: mes aptitudes linguistiques ne me causaient aucuns problèmes mais mes connaissances historiques étaient encore bien limitées...
Quoique ma situation linguistique semble idéale, elle n'a pas toujours été sans frustrations. Comme enfant, alors que mes amis unilingues me rendaient visite, je devais toujours traduire pour eux. De plus, certains adultes se sentaient parfois exclus d'une partie de nos conversations. Mais malgré tout, avec le temps les gens se sont habitués et se sont adaptés à notre mode de vie. Tant et si bien, qu'on entend fréquemment mes amis, qui à leur tour sont devenus bilingues, communiquer spontanément avec mes parents dans leur langues respectives. De plus, influencée par mes amis, mon environnement ou encore les médias, mes parents ont souvent dû et doivent encore, me reprendre, corriger ma grammaire et me rappeler qu'on utilise qu'une seule langue dans une même phrase.
Récemment, lors d'une entrevue accordée à RDI, Mme Adrienne Clarkson et son mari M. Saul, ont mentionné que les cours d'immersion toujours plus populaires au Canada, feraient de notre génération un peuple canadien différents capable de comprendre et d'accepter deux cultures. Malheureusement tel n'est pas toujours le cas. La tolérance n'est pas évidente chez tous. Je remarque en vieillissant que la perception de certains jeunes envers moi change radicalement lorsqu'ils apprennent que je suis inscrite à une école francophone. Ainsi, il m'arrive parfois d'entendre des commentaires tels que: Ah, you speak that crazy language. Or, those French people are so weird, or they should go back to where they came from. Néanmoins, je suis reconnaissante envers mes amis en situation d'immersion qui eux démontrent une grande ouverture d'esprit et une plus juste appréciation des deux cultures. En outre, quoique le rêve de Mme Clarkson semble fantaisiste, nous avons raison de croire qu'il est peut-être possible.
Parfois, même les adultes ont de la difficulté à comprendre ou a accepté, que je suis issue de deux langues et deux cultures. On s'objecte lorsque je dois remplir un questionnaire et on me demande de faire un choix en indiquant Anglophone ou Francophone. Pour moi faire ce choix serait renier une partie de mon héritage. Peut-être qu'ils ne comprennent pas l'effort soutenu et constant que mes parents ont fait tout au long de ma vie.
Therefore, after discussing with my parents I can honestly say that becoming bilingual was not done by osmosis. It is with constant efforts. My parents were wise in their choices and made sure that I would have the best influence at all times. It is impossible to count only on teachers and schools. Parents have to realize that they are the ones who play a major role. My parents were fortunate enough to be bilingual but the oppotunities are there for everyone if you seek them out. I must admit that I was blessed with wonderful circumstances that allowed me to grow up surrounded by two very distinct cultures. Donc pour moi être bilingue est une partie intégrante de ma vie, c'est comme l'air que je respire. Je ne peux imaginer ma vie autrement.
Aujourd'hui, à l'aube de l'an 2000, je suis consciente que le fait d'être bilingue me permettra de cheminer plus aisément dans le monde des adultes. Je sais aussi que ce n'est que le début de mon apprentissage linguistique et que d'autres langues telles l'espagnol et l'italien, qui me fascinent beaucoup, viendront s'ajouter à la liste. Et qui sait un jour peut-être, je parlerai le japonais que mes parents avaient omis de m'apprendre à l'âge de 4 ans.
En toute honnêteté, je ne m'étais jamais sérieusement arrêté sur ce que représentait réellement pour moi le pouvoir de m'exprimer en deux langues. J'avais un peu pris pour acquis ce cadeau que la vie m'a légué. Ainsi, je dois remercier les gens qui m'entourent mes enseignants à l'école, qui m'ont servis de modèles et m'ont appris ma langue maternelle. Aussi, mes enseignants de langue anglaise, mes entraîneurs et tous ceux qui ont collaboré à l'enrichissement de ma langue paternelle. Enfin, je remercie surtout mes parents, qui grâce à leur persévérance et leur tenacité on fait de moi un individu bilingue et riche de deux cultures. Donc 2e millénaire, deux langues, deux cultures, deux nationalités, quelle richesse, quel privilège! quel honneur!
Emily Robichaud est étudiante de douzième année à l'École Sainte-Anne, Fredericton, N.-B.